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Enregistrer une batterie

L’enregistrement d’une batterie est un des exercices les plus délicats pour un ingénieur du son.
Confronté aux multiples sources sonores (fûts, cymbales…), l’ingénieur du son doit obtenir à la fois la précision de chaque élément (avec des prises de son de proximité) et et une certaine cohérence globale (grâce aux prises de son plus « lointaines »)

La batterie est un ensemble d’instruments regroupant les cymbales (percussions idiophones) et les fûts (grosse caisse, caisse claire, toms…). Il y a parfois d’autres éléments qui s’y greffent.

A l’instar des autres instruments il n’y a pas de « recette » permettant d’enregistrer une batterie, c’est pourquoi nous essayerons d’aborder les points les plus importants.

La grosse caisse

La grosse caisse délivre de fortes pressions sonores et possède un timbre s’étalant des extrêmes graves (20Hz) jusqu’à plusieurs milliers de Hz.

Afin d’obtenir les meilleurs transitoires d’attaque, il est préférable d’opter pour un micro dynamique dont la bande passante correspond à celle de la grosse caisse (Shure Beta 52, Electrovoice Re20, Audix D6, AKG D112). En cas de fort volume sonore, on peut être amené à utiliser un PAD atténuateur à l’entrée du signal dans le préampli.

La technique la plus répandue consiste à placer un micro dans ou à l’entrée du fût. On obtient ici une attaque prononcée et plus ou moins de résonance (sustain et release). Il n’y a pas de placement « magique » au sein de la grosse caisse. Il faudra s’armer de patience et essayer diverses positions (plus ou moins axé vers la peau de frappe, plus ou moins rentré dans le fût…) pour obtenir le son souhaité.

On peut aussi placer un micro au niveau de la batte, positionné vers le centre de la peau de frappe.. En cas de complémentarité avec un micro placé comme précédemment, il faudra utiliser l’opposition de phase. L’idée est de prendre ici l’impact de la batte sur la peau. Cela peut être très compatible avec un second micro placé devant la peau de résonance, qui offrira plus de « rondeur » au son.

Enfin il est possible d’utiliser un « room kick ». C’est un micro que l’on place devant la grosse caisse, plus ou moins loin. En jouant avec la compression (parfois même extrême), on pourra obtenir des résultats très intéressants.

La caisse claire

La caisse claire est un des éléments principaux de la batterie. La variété des sons possibles est quasi infinie. Encore une fois il n’y a pas de recette, il va falloir utiliser ses oreilles !

Beaucoup de micros peuvent convenir pour la caisse claire. Selon si le batteur joue aux balais, avec des sticks ou avec des baguettes, le son produit ne sera pas le même. On pourra donc utiliser un Shure SM57 (le plus communément utilisé), un AKG C414, un Audix I5…
Son placement sera aussi choisi par l’ingénieur du son qui devra veiller à bien orienter l’axe du micro par rapport à la peau. Parfois quelques degrés de plus ou de moins peuvent complétement changer le son.

Si l’on utilise un second micro pour le timbre (orienté vers le haut, placé sous la caisse claire) en complément du premier sur la peau de frappe, il faudra utiliser l’opposition de phase.

La caisse claire est souvent l’élément central de la batterie. Sa « couleur » sonore conditionnera en grande partie le son de la batterie.

Les toms

Réaliser une prise de son de toms ressemble à celle de la grosse caisse.
On peut utiliser un ou deux micros, généralement dynamiques (le Sennheiser MD421 est le plus utilisé) sur la peau de frappe (pour l’attaque du son) et la peau de résonance (pour obtenir un peu plus de sustain et d’ « épaisseur »). On optera pour des prises de son de proximité pour éviter au maximum la repisse des autres fûts et cymbales. Encore une fois, il faudra être vigilant à l’opposition de phase en cas d’utilisation de plusieurs micros.

La charley

La cymbale Charleston produit un son riche dans les aigus. C’est la raison pour laquelle on préférera utiliser un micro électrostatique (Neumann KM184).

La principale difficulté consiste à éviter au maximum de prendre le son de la caisse claire. Il faudra donc être vigilant au positionnement du micro. Le désaxer de la caisse claire est le premier réflexe.

La distance du micro conditionnera la précision du son. Plus le micro sera proche, plus l’on obtiendra l’impact de la baguette. Attention toutefois à ne pas être trop proche au risque d’avoir un son parasité par le souffle des deux cymbales qui s’entrechoquent.

Les overheads

L’enregistrement des overheads ne consiste pas uniquement à prendre le son des cymbales. Il s’agit ici d’obtenir une prise de son globale de la batterie.
Parfois une bonne prise de son d’overheads peut suffire pour avoir un son global de la batterie largement correct. C’était d’ailleurs la façon la plus couramment utilisée jusqu’il y a quelques années !

Les micros overheads sont généralement des micros électrostatiques (Neumann KM184, AKG C414…) ou à ruban (Coles 4038, Royer R121…), de préférence appairés, placés au dessus de la batterie.

On optera pour un couple AB (même distance et hauteur de la source, en direction de la caisse claire) afin d’obtenir le son le plus fidèle (à la fois en terme de spatialisation et de timbre). Libre à l’ingénieur du son de choisir un couple XY ou ORTF selon les besoins.

Encore une fois il est vivement conseillé d’essayer des positions et de ne pas se reposer sur des principes établis. Parfois les contraintes font que l’ingénieur du son n’a pas le temps d’expérimenter des placements. Il faudra être rapide, efficace et se fier à ses oreilles.

Les room

L’utilisation d’un ou plusieurs micros room permettent d’épaissir le son d’une batterie. Au delà de son apport à la globalité du son de batterie, cela peut être un effet intéressant à intégrer dans une production.
Le choix du micro se fera en fonction de sa couleur. On peut utiliser un Neumann U87 ou un Shure SM57, tout dépend du son recherché.
L’ingénieur du son pourra aussi jouer avec la compression (jusqu’à des réglages extrêmes) afin d’obtenir des effets très intéressants.

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